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montagnes ou dans les déserts. Personne ne peut avoir de communication avec ces malheureux, qui meurent bientôt de faim et de misère, ou deviennent la proie des bêtes sauvages. Nous ne manquâmes pas de faire connaître au Régent la méthode précieuse usitée parmi les nations européennes, pour se préserver de la petite vérole. Un des motifs qui nous avaient valu la sympathie et la protection du Régent, c'était l'espérance que nous pourrions un jour introduire la vaccine dans le Thibet. Le Missionnaire qui aurait le bonheur de doter les Thibétains d'un bienfait si signalé, acquerrait certainement sur leur esprit une influence capable de lutter avec celle du Talé-Lama lui-même. L'introduction de la vaccine dans le Thibet, par les Missionnaires, serait peut-être le signal de la ruine du lamaïsme, et de l'établissement de la religion chrétienne parmi ces tribus infidèles.

Les galeux et les lépreux sont en assez grand nombre à Lha-Ssa. Ces maladies cutanées sont engendrées par la malpropreté, qui règne surtout dans les basses classes de la population. Il n'est pas rare, non plus, de rencontrer parmi les Thibétains des cas d'hydrophobie. On est seulement étonné que cette maladie horrible n'exerce pas de plus grands ravages, quand on songe à l'effrayante multitude de chiens affamés qui rôdent incessamment dans les rues de Lha-Ssa ; ces animaux sont tellement nombreux dans cette ville, que les Chinois ont coutume de dire ironiquement, que les trois grands produits de la capitale du Thibet sont les Lamas, les femmes et les chiens, Lama, Ya-Téou, Keou.

Cette multitude étonnante de chiens, vient du grand