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assemblée. Ils s'enferment dans un temple du Bouddha-La, et passent six jours dans la retraite, le jeûne et la prière. Le septième jour, on prend une urne en or, contenant trois fiches également en or, sur lesquelles sont gravés les noms des trois petits candidats aux fonctions de divinité du Bouddha-La. On agite l'urne, le doyen des Houtouklou en tire une fiche, et le marmot dont le nom a été désigné par le sort, est immédiatement proclamé Talé-Lama. On le promène en grande pompe dans les rues delà Cité des Esprits, pendant que tout le monde se prosterne dévotement sur son passage, et on le colloque enfin dans son sanctuaire.

Les deux Chaberons en maillot, qui ont concouru pour la place de Talé-Lama, sont rapportés par leurs nourrices dans leurs familles respectives ; mais pour les dédommager de n'avoir pas eu une bonne chance, le gouvernement leur fait un petit cadeau de cinq cents onces d'argent.

Le Talé-Lama est vénéré par les Thibétains et les Mongols comme une divinité. Le prestige qu'il exerce sur les populations bouddhistes, est vraiment étonnant ; cependant, on a été beaucoup trop loin, quand on a avancé que ses excréments sont recueillis avec respect, et servent à fabriquer des amulettes que les dévots enferment dans des sachets et portent suspendus à leur cou. Il est également faux que le Talé-Lama ait la tête et les bras entourés de serpents, pour frapper l'imagination de ses adorateurs. Ces assertions, qu'on lit dans certaines géographies, sont entièrement dénuées de fondement. Pendant notre séjour à Lha-Ssa, nous avons beaucoup interrogé à ce sujet, et tout le monde nous a ri au nez. A moins de dire que,