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ce qui existe, est une manifestation partielle et temporaire de Bouddha. Tout a été créé par Bouddha, en ce sens que tout vient de lui, comme la lumière vient du soleil, Tous les êtres émanés de Bouddha ont eu un commencement et auront une fin ; mais de même qu'ils sont sortis nécessairement de l'essence universelle, ils y rentreront aussi nécessairement. C'est comme les fleuves et les torrents produits par les eaux delà mer, et qui, après un cours plus ou moins long, vont de nouveau se perdre dans son immensité. Ainsi Bouddha est éternel ; ses manifestations aussi sont éternelles ; mais en ce sens, qu'il y en a eu et qu'il y en aura toujours, quoique, prises à part, toutes doivent avoir un commencement et une fin.

Sans trop se mettre en peine si cela s'accorde ou non avec ce qui précède, les Bouddhistes admettent en outre un nombre illimité d'incarnations divines. Ils disent que Bouddha prend un corps humain et vient habiter parmi les hommes, afin de les aider à acquérir la perfection, et de leur faciliter la réunion à l'âme universelle. Ces Bouddha-vivants composent la classe nombreuse des Chaberons, dont nous avons déjà souvent parlé. Les Bouddha-vivants les plus célèbres sont, à Lha-Ssa, le Talé-Lama ; à Djachi-Loumbo, le Bandchan-Remboulchi ; au Grand-Kouren, le Guison-Tamba ; à Péking, le Tchang-Kia-Fo, espèce de grand aumônier de la cour impériale ; et dans le pays des Ssamba, au pied des monts Himalaya, le Sa-Dcha-Fo. Ce dernier a, dit-on, une mission passablement singulière. Il est nuit et jour en prière, afin de faire tomber continuellement de la neige sur la cime des Himalaya. Car, selon une tradition thibétaine, il existe, derrière ces monts élevé