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d'où émanent toutes les âmes, et où toutes les âmes, après leurs évolutions temporaires, doivent se réunir et se confondre. Les êtres animés ont, suivant la classe à laquelle ils appartiennent, des moyens particuliers pour se sanctifier, monter dans une classe supérieure, obtenir la perfection, et arriver enfin au terme de leur absorption. Les hommes qui récitent très-souvent et très-dévotement, Om, mani padmé houm, évitent de retomber, après leur mort, dans les six classes des êtres animés correspondant aux six syllabes de la formule, et obtiennent la plénitude de l'être par leur absorption dans l'âme éternelle et universelle de Bouddha.

Nous ne savons si cette explication, qui nous a été donnée par le Régent lui-même, est généralement adoptée par les Bouddhistes instruits du Thibet et de la Mongolie. On pourrait cependant remarquer, ce nous semble, qu'elle a une certaine analogie avec le sens littéral : O ! le joyau dans le lotus, Amen ! Le joyau étant l'emblème de la perfection, et le lotus celui de Bouddha, on pourrait dire peut-être, que ces paroles expriment le vœu d'acquérir la perfection, pour être réuni à Bouddha, être absorbé dans l'âme universelle. La formule symbolique : O ! le joyau dans le lotus, Amen ! pourrait alors se paraphraser ainsi : Oh ! que j'obtienne la perfection, et que je sois absorbé dans Bouddha, Amen !

D'après l'explication du Régent, le mani serait en quelque sorte le résumé d'un vaste panthéisme, base de toutes les croyances des Bouddhistes. Les Lamas instruits disent que Bouddha est l'Etre nécessaire, indépendant, principe et fin de toute chose. La terre, les astres, les hommes, tout