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le désir, et équivaut à notre Amen. Le sens littéral de cette phrase est donc celui-ci :

Om, mani padmé houm !
O ! le joyau dans le lotus, Amen !

Les Bouddhistes du Thibet et de la Mongolie ne se sont pas contentés de ce sens clair et précis. Ils se sont torturé l'imagination pour chercher une interprétation mystique à chacune des six syllabes qui composent cette phrase. Ils ont écrit une infinité d'ouvrages extrêmement volumineux, où ils ont entassé extravagances sur extravagances, pour expliquer leur fameux muni. Les Lamas sont dans l'habitude de dire que la doctrine renfermée dans ces paroles merveilleuses, est immense, et que la vie tout entière d'un homme est insuffisante pour en mesurer l'étendue et la profondeur.

Mous avons été curieux de savoir ce que le Régent pensait de cette formule. Voici ce qu'il nous a dit à ce sujet : Les êtres animés, en thibétain, semdchan, et en mongol, amitan, sont divisés en six classes : les anges, les démons, les hommes, les quadrupèdes, les volatiles et les reptiles (1)[1]. Ces six classes d'êtres animés correspondent aux six syllabes de la formule Om, mani padmé houm. Les êtres animés roulent, par de continuelles transformations, et suivant leur mérite ou leur démérite, dans ces six classes, jusqu'à ce qu'ils aient atteint le comble de la perfection ; alors ils sont absorbés et perdus dans la grande essence de Bouddha, c'est-à-dire, dans l'âme éternelle et universelle,

  1. (1) La classe des reptiles comprend les poissons, les mollusques, et tous les animaux qui ne sont ni quadrupèdes ni volatiles.