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déserts, et gravant la formule sacrée sur les pierres et les rochers qu'ils rencontrent.

Selon l'opinion du célèbre orientaliste Klaproth, Om, mani padmé houm n'est que la transcription thibétaine d'une formule sanscrite apportée de l'Inde dans le Thibet. Vers le milieu du septième siècle de notre ère, le célèbre Hindou Tonmi Sambhodha introduisit l'usage de l'écriture dans le Thibet ; mais comme l'alphabet landza, qu'il avait d'abord adopté, parut au roi Srong-Bdzan-Gombo trop compliqué et trop difficile à apprendre, il l'invita à en rédiger un nouveau plus aisé, et mieux adapté à la langue thibétaine. En conséquence, Tonmi-Sambhodha s'enferma pendant quelque temps, et composa l'écriture thibétaine dont on se sert encore aujourd'hui, et qui n'est qu'une modification des caractères sanscrits. Il initia aussi le roi aux secrets du bouddhisme, et lui transmit la formule sacrée, Om, mani padmé houm, qui se répandit avec rapidité dans toutes les contrées uu Thibet et de la Mongolie.

Cette formule a, dans la langue sanscrite, un sens complet et indubitable, qu'on chercherait vainement dans l'idiome thibétain. Om est, chez les Hindous, le nom mystique de la divinité, par lequel toutes les prières commencent. Il est composé de A, le nom de Vichnou ; de O, celui de Siva ; et de M, celui de Brahma. Cette particule mystique équivaut aussi à l'interjection ô ! et exprime une profonde conviction religieuse ; c'est en quelque sorte une formule d'acte de foi ... Mani signifie joyau, chose précieuse ; padma, le lotus ; padmé est le locatif du même mot .... Enfin, houm est une particule qui exprime le voeu,