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ment ; ce fut comme si nous venions de faire la rencontre d'un ami sincère et dévoué.

Le gouverneur des Katchi était âgé de trente-deux ans ; sa figure, pleine de noblesse et de majesté, respirait en même temps une bonté et une franchise bien capables d'attirer notre confiance. Son regard, ses paroles, ses manières, tout en lui semblait nous exprimer combien vivement il s'intéressait à nous. Il était venu pour nous mettre au courant de ce qui aurait lieu pendant la journée, à notre sujet. — Dans la matinée, nous dit-il, l'autorité thibétaine se rendra avec vous dans votre demeure. On mettra le scellé sur tous vos effets, puis on les transportera au tribunal, où ils seront examinés, en votre présence, par le Régent et l'ambassadeur chinois. Si vous n'avez pas dans vos malles des cartes de géographie autographes, vous pouvez être tranquilles : on vous laissera en paix. Si au contraire vous en avez, vous feriez bien de me prévenir d'avance, parce que nous pourrions, dans ce cas, trouver quelque moyen d'arranger l'affaire. Je suis très-lié avec le Régent ; (il nous avait été, en effet, facile de le remarquer la veille pendant notre souper) c'est lui-même qui m'a chargé de venir vous faire cette confidence .... Et il ajouta ensuite, en baissant la voix, que toutes ces tracasseries nous étaient suscitées par les Chinois, contre la volonté du gouvernement thibétain. Nous répondîmes au gouverneur des Katchi, que nous n'avions aucune carte de géographie autographe. Puis, nous lui parlâmes en détail de tous les objets qui étaient renfermés dans nos deux malles. — Puisqu'on doit aujourd'hui en faire la visite, tu jugeras par toi-même si nous sommes des gens qu'on peut croire,