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pendant notre absence. — Ce n'est pas cela ; il faut qu'il vienne aussi ; le Régent veut vous voir tous les trois. Samdadchiemba secoua, en guise de toilette, sa grosse robe de peau de mouton, posa d'une façon très-insolente une petite toque noire sur son oreille, et nous partîmes tous ensemble, après avoir cadenassé la porte de notre logis.

Nous allâmes au pas de charge pendant cinq ou six minutes, et nous arrivâmes au palais du premier Kalon, régent du Thibet. Après avoir traversé une grande cour, où se trouvaient réunis un grand nombre de Lamas et de Chinois, qui se mirent à chuchoter en nous voyant paraître, on nous fit arrêter devant une porte dorée dont les battants étaient entr'ouverts : l'introducteur passa par un petit corridor à gauche, et un instant après la porte s'ouvrit. Au fond d'un appartement orné avec simplicité, nous aperçûmes un personnage assis, les jambes croisées, sur un épais coussin recouvert d'une peau de tigre : c'était le Régent. De la main droite il nous fit signe d'approcher. Nous avançâmes jusqu'à lui, et nous le saluâmes en mettant notre bonnet sous le bras. Un banc, recouvert d'un tapis rouge, était placé à notre droite ; nous fûmes invités à nous y asseoir ; ce que nous fîmes immédiatement. Pendant ce temps, la porte dorée avait été refermée, et il n'était resté dans la salle, que le Régent et sept individus qui se tenaient debout derrière lui, savoir : quatre Lamas au maintien modeste et composé ; deux Chinois dont le regard était plein de finesse et de malice, et un personnage qu'à sa grande barbe, à son turban et à sa contenance grave, nous reconnûmes être un Musulman. Le Régent é