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s'être laissé corrompre par l'or des Anglais, et d'avoir vendu aux diables marins le territoire du céleste empire. L'Empereur lui envoya une lettre foudroyante, qui le déclarait digne de mort, et lui donnait ordre de se rendre immédiatement à Péking ;. Le pauvre commissaire impérial n'eut pas la tête tranchée, comme tout le monde s'y attendait ; l'Empereur, dans sa paternelle mansuétude, lui fit grâce de la vie, et se contenta de le dégrader de tous ses titres, de lui retirer toutes ses décorations, de confisquer ses biens, de raser sa maison, de faire vendre ses femmes à l'encan, et de l'envoyer en exil au fond de la Tartarie.

Les amis nombreux et influents que Ki-Chan avait à la cour, ne l'abandonnèrent pas dans son malheur ; ils travaillèrent avec courage et persévérance à le faire rentrer dans les bonnes grâces de l'Empereur. En 1844, il fut enfin rappelé de son exil, et envoyé à Lha-Ssa, en qualité de délégué extraordinaire, pour traiter l'affaire du Nomekhan. Il partit décoré du globule bleu, au lieu du rouge, qu'il portait avant sa chute ; on lui rendit la plume de paon, mais le privilège de porter la tunique jaune lui fut encore interdit. Ses amis de Péking se cotisèrent, et lui firent bâtir, à leurs frais, une magnifique maison. Le poste du Kin-Tchaï, au milieu des montagnes du Thibet, était encore considéré comme un exil ; mais c'était un acheminement vers une glorieuse et complète réhabilitation.

Aussitôt après son arivée à Lha-Ssa, Ki-Chan se concerta avec le Bandchan-Remboulchi et les quatre Kalons, et fit arrêter le Nomekhan. Ensuite, il fit subir un interrogatoire à toutes les personnes attachées au service de l'accusé, et afin de les aider à déclarer la vérité, il leur fit enfoncer