Page:Huc - Souvenirs d’un voyage dans la Tartarie, le Thibet et la Chine pendant les années 1844-46, tome 2.djvu/288

Cette page n’a pas encore été corrigée

Sse, dans la province du Kang-Sou, était en quelque sorte justiciable de l'empereur Chinois ; enfin, politiquement parlant, c'était, pour la cour de Péking, une excellente occasion d'établir son influence dans le Tbibet, et d'y réaliser ses projets d'usurpation.

La requête envoyée à Péking par le Bandchan-Remboutchi et les quatre Kalons, fut reçue avec toute la faveur désirable. On songea aussitôt à faire partir pour Lha-Ssa, un ambassadeur d'une énergie et d'une prudence capables de renverser la puissance du Nomekhan. L'Empereur jeta les yeux sur le Mandarin Ki-Chan, et le chargea de cette mission difficile.

Avant d'aller plus loin, il ne sera peut-être pas superflu de faire connaître ce Ki-Chan, personnage très-célèbre en Chine, et qui a joué un rôle important dans l'affaire des Anglais, à Canton. Ki-Chan est Tartare-Mantchou d'origine ; il a commencé sa carrière par être écrivain dans un des six grands tribunaux de Péking. Sa rare capacité ne tarda point à le faire remarquer, et quoiqu'il fût encore bien jeune, il monta rapidement les divers degrés de la magistrature. À l'âge de vingt-deux ans, il était gouverneur de la province du Ho-Nan ; à vingt-cinq ans, il en fut vice-roi ; mais il fut dégradé de cette charge pour n'avoir pas su prévoir et arrêter un débordement du fleuve Jaune, qui causa de grands désastres dans la province qui lui avait été confiée. Sa disgrâce ne dura pas longtemps ; il fut réintégré dans sa dignité première, et envoyé tour à tour, en qualité de vice-roi, dans les provinces du Chan-Tong, du Sse-Tchouen et du Pé-Tche-Ly. Il fut décoré du globule rouge, de la plume de paon et de la tunique