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de Yang-Tou-Sse[1], dans la province du Kan-Sou. La suprême dignité de Tou-Sse était héréditaire dans sa famille, et un grand nombre de ses parents établis à Lha-Ssa depuis plusieurs générations, exerçaient une grande influence sur les affaires du Thibet. Le Nomekhan de Yang-Tou-Sse, était encore bien jeune quand il fut investi d’une autorité qui ne le cédait qu’à celle du Talé-Lama. On prétend que peu d’années après son élévation au pouvoir, il manifesta ses sentiments ambitieux et un désir effréné de domination. Il usa de ses grandes richesses et de l’influence de ses parents, pour s’entourer d’une clientèle qui lui fût entièrement dévouée. Il s’appliqua spécialement à se créer des partisans parmi la classe des Lamas ; et dans ce but, il prit sous sa protection immédiate la fameuse lamaserie de Sera, située à une demi-lieue de Lha-Ssa, et comptant plus de quinze mille religieux bouddhistes. Il la combla de ses faveurs, lui accorda des privilèges et des revenus immenses, et fit placer, dans les diverses administrations, un grand nombre de ses créatures. Les Lamas de Sera ne manquèrent pas de s’enthousiasmer pour le Nomekhan ; ils le regardèrent comme un saint du premier ordre, et firent de ses perfections une nomenclature aussi étendue et aussi pompeuse que la nomenclature des perfections de Bouddha. Appuyé sur le parti puissant qu’il avait su se ménager, le Nomekhan ne mit plus de bornes à ses projets de domination. Ce fut alors qu’il fit périr successivement trois jeunes Talé-Lama, afin de conserver entre ses mains le pouvoir de régent… Tel était le Nomekhan

  1. Voir page 36 ce qui a été dit des Tou-See