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La célébrité du Bandchan actuel est prodigieuse ; ses partisans prétendent que sa puissance spirituelle est aussi grande que celle du Talé-Lama, et que le sanctuaire do Djachi-Loumbo ne le cède pas en sainteté à celui du Bouddha-La. On admet pourtant généralement, que la puissance temporelle du Talé-Lama est supérieure à celle du Bandchan-Remboutcbi. Une grande rivalité ne peut manquer de se déclarer, tôt ou tard, entre Lha-Ssa et Djachi-Loumbo, et de jeter les Thibétains dans de funestes divisions.


Le Bandchan-Remboutchi actuel est âgé d'une soixantaine d'années ; il est, dit-on, d'une belle et majestueuse taille, et d'une vigueur étonnante pour son âge déjà avancé. Ce singulier personnage se dit d'origine indienne ; il y a déjà quelques milliers d'années que sa première incarnation eut lieu dans le célèbre pays des Azaras. Les physionomistes, qui dès notre arrivée à Lha-Ssa nous prenaient pour des Azaras blancs, ne manquèrent pas de nous engager vivement à faire un voyage de dévotion à Djachi-Loumbo, nous assurant qu'en notre qualité de compatriotes du Bandchan-Remboutchi, nous en serions très-bien reçus. Les Lamas érudits, qui s'occupent des généalogies bouddhiques, expliquent comme quoi le Bandchan, après de nombreuses et merveilleuses incarnations dans l'Indoustan, a fini par apparaître dans le Thibet ultérieur, et par fixer sa résidence à Djachi-Loumbo. Quoi qu'il en soit de sa biographie, à laquelle, fort heureusement, nous sommes dispensés d'ajouter foi, il est certain que cet habile Lama a su se donner une vogue vraiment étonnante. Les Thibétains, les Tarières et autres Bouddhistes ne l'appellent jamais