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se battait, et d'autres où on ne se battait pas ; que le prix des premières était le quadruple du prix des secondes .... Ces paroles nous firent un peu soupçonner de quoi il s'agissait ; mais pourtant la chose n'était pas encore tout-à-fait claire. — Comment, nous dit-on, vous ne savez donc pas que Kao-Tan-Dze est continuellement attaqué par les brigands ? — Nous savons cela. — Si vous logez dans une auberge où l'on ne se bat pas, dans le cas que les brigands arrivent, ils emmèneront vos animaux, parce que personne ne s'est engagé à les défendre. Si, au contraire, vous logez dans une auberge où l’on se bat, il y a grande chance que vous les conserverez, à moins que les brigands ne soient les plus forts, ce qui arrive quelquefois. — Tout cela nous paraissait fort bizarre et passablement contrariant. Cependant il fallait prendre un parti. Après mûre et sérieuse réflexion, nous nous décidâmes à aller loger dans une auberge où l'on dût se battre. Il nous vint en pensée, qu'il pourrait bien se faire que les gens de Kao-Tan-Dze s'entendissent avec les brigands pour exploiter les voyageurs. Dans ce cas là, il valait mieux leur payer une assez forte somme, que de leur abandonner nos animaux, dont la perte eût été bientôt suivie de la nôtre.

En entrant dans l'auberge qui nous fut indiquée, nous remarquâmes, en effet, que tout y était sur le pied de guerre. On ne voyait, de tout côté, que lances, flèches, arcs et fusils à mèches. La présence de ces armes n'était pas capable de nous rassurer complètement. Nous résolûmes de ne pas nous coucher, et de faire nous-mêmes la garde pendant la nuit.

Kao-Tan-Dze, avec son allure de guerre et son état de