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richesse de leurs habits : tout en eux contraste avec les peuples de race inférieure auxquels ils se trouvent mêlés. Ils ont, à Lha-Ssa, un gouverneur, duquel ils dépendent immédiatement, et dont l'autorité est reconnue par le gouvernement thibétain. Ce gouverneur est en même temps chef de la religion musulmane. Ses compatriotes le considèrent, sur cette terre étrangère, comme leur pacha et leur muphti. Il y a déjà plusieurs siècles que les Katchi se sont établis à Lha-Ssa. Autrefois, ils abandonnèrent leur patrie pour se soustraire aux vexations d'un certain pachu de Kachemir, dont le despotisme leur était devenu intolérable. Depuis lors, les enfants de ces premiers émigrants se sont si bien trouvés dans le Thibet, qu'ils n'ont plus songé à s'en retourner dans leur pays. Ils ont pourtant encore des relations avec Kachemir ; mais les nouvelles qu'ils en reçoivent sont peu propres à leur donner l'envie de renoncer à leur patrie adoptive. Le gouverneur Katchi, avec lequel nous avons eu des relations assez intimes, nous a dit que les Pélins de Calcutta (les Anglais) étaient aujourd'hui maîtres de Kachemir. — Les Pélins, nous disait-ils, sont les hommes les plus rusés du monde ; Ils s'emparent petit à petit de toutes les contrées de l'Inde ; mais c'est toujours plutôt par tromperie qu'à force ouverte. Au lieu de renverser les autorités, ils cherchent habilement à les mettre de leur parti, et à les faire entrer dans leurs intérêts. Ainsi, à Kachemir, voici ce qu'ils disent : Le monde est à Allah ; la terre est au Pacha ; c'est la Compagnie qui gouverne.

Les Katchi sont les plus riches marchands de Lha-Ssa ; ce sont eux qui tiennent les magasins de lingerie et tous les