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mêmes caractères. Quelques-uns de ces chiffres ont, avec ceux dont on se sert en Europe, une légère différence ; la plus notable est celle du 5, qui se trouve renversé de la manière suivante g.

D'après les quelques détails que nous venons de donner sur les productions du Thibet, il est permis de conclure que ce pays est peut-être le plus riche et en même temps le plus pauvre du monde. Riche en or et en argent, pauvre en tout ce qui fait le bien-être des masses. L'or et l'argent recueillis par le peuple, est absorbé par les grands, et surtout par les lamaseries, réservoirs immenses, où s'écoulent par mille canaux, toutes les richesses de ces vastes contrées. Les Lamas, mis d'abord en possession de la majeure partie du numéraire par les dons volontaires des fidèles, centuplent ensuite leur fortune par des procédés usuraires, dont la friponnerie chinoise est elle-même scandalisée. Les offrandes qu'on leur fait, sont comme des crochets dont ils se servent pour attirer à eux toutes les bourses. L'argent se trouvant ainsi accumulé dans les coffres des classes privilégiées, et d'un autre côté, les choses nécessaires à la vie ne pouvant se procurer qu'à un prix très élevé, il résulte de ce désordre capital, qu'une grande partie de la population est continuellement plongée dans une misère affreuse. A Lha-Ssa, le nombre des mendiants est très-considérable. Us entrent dans l'intérieur des maisons, et vont, de porte en porte, solliciter une poignée de tsamba. Leur manière de demander l'aumône consiste à présenter le poing fermé, en tenant le pouce en l'air. Nous devons ajouter, à la louange des Thibétains, qu'ils ont généralement le cœur compatissant et charitable ; rarement, ils