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l'art de purifier ces métaux précieux. On les voit quelquefois au fond des ravins, ou aux anfractuosités des montagnes, accroupis a côté d'un feu d'argols de chèvres, et s'amusant à purifier dans des creusets, la poudre d'or qu'ils ont recueillie ça et là, en faisant paître leurs troupeaux. Il résulte de cette grande abondance de métaux, que les espèces sont de peu de valeur, et par suite, les denrées se maintiennent toujours à un prix très-élevé. Le système monétaire des Thibétains ne se compose que de pièces d'argent ; elles sont un peu plus grandes, mais moins épaisses que nos pièces d'un franc. D'un côté, elles portent des inscriptions en caractères thibétains, farsis ou indiens ; de l'autre, elles ont une couronne composée de huit petites fleurs rondes. Pour la facilité du commerce, on fractionne ces pièces de monnaie, de telle sorte que le nombre des fleurettes restant sur le fragment, détermine sa valeur. La pièce entière se nomme Tchan-Ka. Le Tché-Ptché est une moitié du Tchan-Ka, et par conséquent, n'a que quatre fleurettes. Le Cho-Kan en a cinq, et le Kagan trois. Dans les grandes opérations commerciales, on se sert de lingots d'argent, qu'on pèse avec une balance romaine graduée d'après le système décimal. Les Thibétains comptent, le plus souvent, sur leur chapelet ; quelques uns, et surtout les marchands, se servent du souan-pan chinois ; les savants, enfin, opèrent avec les chiffres que nous nommons arabes, et qui paraissent être très-anciens dans le Thibet. Nous avons vu plusieurs livres lamaïques manuscrits, renfermant des tableaux et des figures astronomiques, représentés avec des chiffres arabes. La pagination de ces livres était pareillement marquée avec ces