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Les bâtons d'odeur, si célèbres en Chine sous le nom de Tsan-Hiang, parfums du Thibet, sont, pour les habitants de Lha-Ssa, un objet de commerce assez important. On les fabrique avec la poudre de divers arbres aromatiques, auxquels on mélange du musc et de la poussière d'or. Avec tous ces ingrédients, on élabore une pâte de couleur violette qu'on moule ensuite en petits bâtons cylindriques, ayant la longueur de trois ou quatre pieds. On les brûle dans les lamaseries, et devant les idoles qu'on honore dans l'intérieur des maisons. Quand ces bâtons d'odeur sont allumés, ils se consument lentement sans jamais s'éteindre, et répandent au loin un parfum d'une douceur exquise. Les marchands thibétains qui se rendent tous les ans à Péking, à la suite de l'ambassade, en exportent des quantités considérables, et les vendent à un prix exorbitant. Les Chinois du nord falsifient les bâtons d'odeur, et les livrent au commerce sous le nom de Tsan-Hiang ; mais ils ne peuvent soutenir la comparaison avec ceux qui viennent du Thibet.

Les Thibétains n'ont pas de porcelaine ; ils fabriquent néanmoins des poteries de tout genre avec une rare perfection. Comme nous l'avons déjà fait observer ailleurs, toute leur vaisselle consiste en une simple écuelle de bois, que chacun porte cachée dans son sein, ou suspendue à sa ceinture dans une bourse de luxe. Ces écuelles sont faites avec les racines de certains arbres précieux, qui croissent sur les montagnes du Thibet. Elles sont de forme gracieuse, mais simples et sans ornement. On se contente de les enduire d'un léger vernis, qui ne fait disparaître ni leur couleur naturelle, ni les marbrures formées par les