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Le lendemain de notre arrivée à Lha-Ssa, nous primés un guide thibétain et nous parcourûmes les divers quartiers de la ville, en quête d’un appartement à louer. Les maisons de Lha-Ssa sont généralement grandes, à plusieurs étages, et terminées par une terrasse légèrement inclinée pour faciliter l’écoulement des eaux : elles sont entièrement blanchies à l’eau de chaux, à l’exception de quelques bordures et des encadrements des portes et des fenêtres qui sont en rouge ou en jaune. Les Bouddhistes réformés affectionnent spécialement ces deux couleurs : elles sont pour ainsi dire sacrées à leurs yeux, et ils les nomment couleurs lamaïques. Les habitants de Lha-Ssa étant dans l’usage de peindre tous les ans leurs maisons, elles sont habituellement d’une admirable propreté, et paraissent toujours bâties de fraîche date ; mais, à l’intérieur, elles sont loin d’être en harmonie avec la belle apparence qu’elles offrent au dehors. Les appartements sont sales, enfumés, puants, et encombrés de meubles et d’ustensiles répandus ça et là dans un désordre dégoûtant. Les habitations thibétaines ne sont, en quelque sorte, que de grands sépulcres blanchis ;... véritable image du bouddhisme et de toutes les fausses religions, qui ont toujours soin de recouvrir, de certaines vérités dogmatiques, et de quelques principes moraux, la corruption et le mensonge qu’elles recèlent.

Après de longues investigations, nous choisîmes enfin un tout petit logement, qui faisait partie d’une grande maison où se trouvaient réunis une cinquantaine de locataires. Notre pauvre gîte était à l’étage supérieur ; on y montait par vingt-six degrés en bois, dépourvus de rampe, et tellement