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usage dans le pays, et qui sont passées dans le domaine de l'idiome thibétain.

Les caravanes qui se rendent à Lha-Ssa, doivent forcément s'arrêter quelques jours à Na-Ptchu, pour organiser un nouveau système de transport ; car les difficultés d'un chemin horriblement rocailleux, ne permettent pas aux chameaux d'aller plus loin. Notre premier soin fut donc de cherchera vendre les nôtres ; ils étaient si misérables et si éreintés, que personne n'en voulait. Enfin une espèce de vétérinaire, qui, sans doute, avait quelque recette pour les tirer du mauvais état dans lequel ils se trouvaient, se présenta ; nous lui en vendîmes trois pour quinze onces d'argent, et nous lui abandonnâmes l' incendié par-dessus le marché. Ces quinze onces d'argent étaient juste ce qu'il nous fallait pour louer six bœufs à long poil, qui devaient transporter les bagages jusqu'à Lha-Ssa.

Une seconde opération, fut de renvoyer le Lama des Monts Ratchico. Après lui avoir fait largement ses comptes, nous lui dîmes que, s'il avait l'intention d'aller à Lha-Ssa, il devait se choisir d'autres compagnons ; qu'il pouvait se regarder comme libéré des engagements qu'il avait contractés avec nous. Enfin, nous nous séparâmes de ce malheureux qui avait doublé, par sa méchanceté, les peines et les misères que nous avions eues à endurer en route.

Notre conscience nous fait un devoir d'avertir les personnes que des circonstances quelconques pourront amener à Na-Ptchu, qu'elles feront bien de s'y tenir en garde contre les voleurs. Les habitants de ce village thibétain sont remarquables par leurs escroqueries ; ils exploitent les caravanes mongoles et autres d'une manière indigne.