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côté de la ceinture, des cheveux noirs qui tombaient en longues mèches sur leurs épaules, des yeux flamboyants, et une peau de loup sur la tête, en guise de bonnet, tel était l'effrayant portrait des personnages dont nous étions environnés. Ils étaient au nombre de vingt-sept, et de notre côté, nous n'étions que dix-huit, et probablement pas tous des guerriers bien éprouvés. On mit pied à terre départ et d'autre, et un courageux Thibétain de notre petite bande s'avança pour parler au chef des brigands, qu'on distinguait à deux petits drapeaux rouges qui flottaient derrière la selle de son cheval. Après une longue conversation assez animée : — Quel est cet homme, dit le chef des Kolo, en indiquant M. Gabet qui, attaché sur son chameau, était le seul qui n'eût pas mis pied à terre ? — C'est un Grand-Lama du ciel d'occident, répondit le marchand thibétain ; la puissance de ses prières est infinie. — Le Kolo porta ses deux mains jointes au front, et considéra M. Gabet, qui, avec sa figure gelée et son bizarre entourage de couvertures bariolées, ne ressemblait pas mal à ces idoles terribles qu'on rencontre parfois dans les temples païens. Après avoir contemplé un instant le fameux Lama du ciel d'occident, le brigand adressa quelques paroles, à voix basse, au marchand thibétain ; puis, ayant fait un signe à ses compagnons, ils sautèrent tous à cheval, partirent au grand galop, et disparurent derrière les montagnes. — N'allons pas plus loin, nous dit le marchand thibétain, dressons ici notre tente ; les Kolo sont des brigands, mais ils ont le cœur grand et généreux ; quand ils verront que nous restons sans peur entre leurs mains, ils ne nous attaqueront pas ... D'ailleurs, ajouta-t-il, je crois qu'ils redoutent