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la caravane, il n'avait pas osé se précipiter sur les chasseurs.

Les mulets sauvages sont aussi très-nombreux dans le Thibet antérieur. Quand nous eûmes traversé le Mourouï-Oussou, nous en rencontrâmes presque tous les jours. Cet animal, que les naturalistes ont nommé cheval hémione, ou cheval demi-âne, a la grandeur d'un mulet ordinaire ; mais il a le corps plus beau, son attitude est plus gracieuse, et ses mouvements sont plus légers ; son poil est, sur le dos, de couleur rousse, puis il va s'éclaircissant insensiblement jusque sous le ventre, où il est presque blanc. Les hémiones ont la télé grosse, disgracieuse, et nullement en rapport avec l'élégance de leur corps ; ils marchent la tête haute, et portent droites leurs longues oreilles. Quand ils galoppent, ils tournent la tête au vent, et relèvent leur queue, qui ressemble entièrement à celle des mulets : le hennissement qu'ils font entendre est vibrant, clair et sonore ; ils sont d'une si grande agilité, qu'il est impossible aux cavaliers tartares ou thibétains de les atteindre à la course. Quand on veut les prendre, on se met en embuscade vers les endroits qui conduisent aux ruisseaux où ils vont se désaltérer, et alors on les tue à coups de flèches ou de fusils : leur chair est excellente, et leurs peaux servent à faire des bottes. Les chevaux demi ânes sont féconds, et se reproduisent en perpétuant l'espèce, qui demeure toujours inaltérable : on n'a jamais pu encore les plier à la domesticité. On nous a dit qu'on en avait pris de tout jeunes, qu'on avait essayé de les élever avec d'autres poulains, mais qu'il avait toujours été impossible de les monter et de les accoutumer à porter des fardeaux. Aussitôt qu'on les laissait libres,