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le temps était assez calme. Nous remarquâmes que lorsque nous nous couchions par terre, nous respirions avec beaucoup plus de difficulté ; si, au contraire, nous montions à cheval, l'influence du gaz se faisait à peine sentir. La présence de l'acide carbonique était cause qu'il était très difficile d'allumer le feu ; les argols brûlaient sans flamme, et en répandant beaucoup de fumée. Maintenant, dire de quelle manière se formait ce gaz, d'où il venait, c'est ce qui nous est impossible. Nous ajouterons seulement, pour ceux qui aiment à chercher des explications dans le nom même des choses, que Bourhan-Bota signifie, cuisine de Bourhan ; Bourhan est, comme on sait, synonyme de Bouddha.

Pendant la nuit que nous passâmes de l'autre côté de la montagne, il tomba une épouvantable quantité de neige. Ceux qui la veille n'avaient pas osé continuer la route, vinrent nous rejoindre dans la matinée ; ils nous annoncèrent qu'ils avaient achevé l'ascension de la montagne avec assez de facilité, parce que la neige avait fait disparaître les vapeurs.

Le passage du Bourhan-Bota n'avait été qu'une espèce d'apprentissage. Quelques jours après, le mont Chuga mit bien autrement à l'épreuve nos forces et notre courage. La marche devant être longue et pénible, le coup de canon, qui était le signal ordinaire du départ, se fit entendre à une heure après minuit. On fit du thé avec de la neige fondue ; on prit un bon repas de tsamba, assaisonné d'une gousse d'ail hachée menu, et on se mit en route. Quand la grande caravane commença à s'ébranler, le ciel était pur, et la lune resplendissante faisait briller le grand tapis de