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droit est de rester ici, et on ne nous en chassera pas, nos chameaux demeureront là attachés à la porte de notre chambre. — Le grand Mandarin m'a donné ordre de venir préparer son logement, à l'Hôtel des cinq Félicités. — Soit, prépare son logement, mais sans toucher à nos affaires. Si tu ne peux pas t'arranger ici, la raison veut que tu ailles chercher une auberge ailleurs. — Et le grand Mandarin ? — Dis à ton Mandarin qu'il y a ici trois Lamas du ciel d'occident, qui sont tout disposés à retourner à Ning-Hia pour plaider avec lui ; qu'ils iront même, s'il le faut, jusqu'à Péking, qu'ils en savent la route .... — Le globule blanc monta à cheval et disparut. L'aubergiste vint aussitôt à nous, et nous pria de tenir ferme. — Si vous restez ici, nous dit-il, c'est bien, je suis sûr qu'avec vous j'aurai un peu de profit ; mais si le Mandarin prend votre place, on bouleversera mon auberge, on me fera travailler toute la nuit, et demain matin tout le monde partira sans payer. Et puis, si j'étais forcé de vous renvoyer, ne serait-ce pas perdre de réputation l'Auberge des cinq Félicités ? Qui oserait désormais entrer dans une auberge où l'on reçoit des voyageurs pour les chasser ensuite ? — Pendant que l'aubergiste nous exhortait au courage, l'estafette du Mandarin apparut de nouveau, elle descendit de cheval, puis nous fit une profonde inclination, que nous lui rendîmes on même temps de la meilleure grâce possible. — Seigneurs Lamas, nous dit-il, je viens de parcourir Hia-Ho-Po, il n'y a pas d'auberge convenable. Qui pourrait dire que vous êtes tenus de nous céder votre place ? Parler ainsi, est-ce que cela serait parler d'une manière conforme à la raison ? Cependant voyez, Seigneurs Lamas, nous sommes tous