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e un autre pays tartare, habité par des peuplades qui portent le nom de Mongols du Tsaïdam.

D'après les traditions populaires du Koukou-Noor, la mer Bleue n'aurait pas toujours existé où on la voit aujourd'hui. Cette grande masse d'eau aurait primitivement occupé, dans le Thibet, la place où s'élève la ville de LhaSsa. Un beau jour, elle aurait abandonné son immense réservoir, et serait venue par une marche souterraine, jusqu'à l'endroit qui lui sert actuellement de lit. Voici de quelle manière on nous a raconté ce merveilleux événement.

Dans les temps anciens, les Thibétains du royaume d' Oui voulurent bâtir un temple au centre de la grande vallée qu'ils occupaient ; on prépara à grands frais les matériaux les plus précieux, et l'édifice s'éleva rapidement ; mais, au moment où il allait être terminé, il s'écroula tout à coup, sans qu'on pût découvrir la cause de ce désastre. L'année d'après, on fit de nouveaux préparatifs, et l'on travailla à la construction du temple avec une égale ardeur ; mais il s'écroula encore une seconde fois ; on fit une troisième tentative, qui fut également suivie de la même catastrophe. Tout le monde fut plongé dans la désolation la plus profonde, et on parla d'abandonner l'entreprise. Le roi ayant fait consulter un devin fameux dans le pays, celui-ci répondit qu'il ne lui était pas donné de connaître la cause qui s'opposait à l'édification du temple, mais qu'il savait qu'un grand saint de l'orient possédait un secret, et que, si l'on pouvait le lui arracher, l'obstacle disparaîtrait aussitôt. Il ne put donner de renseignements plus précis sur ce grand saint, ni sur le lieu qu'il habitait. Après de longues délibé