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révoltante habitude de manger le cœur de leurs prisonniers, dans le but d'entretenir et de fortifier leur courage. Il n'est pas, au reste, de pratiques monstrueuses, qui ne leur soient attribuées par les Mongols du Koukou-Noor.

Les Kolo sont divisés en plusieurs tribus, qui portent toutes un nom particulier ; c'est seulement dans cette nomenclature, que nous avons entendu parler des Khalmoukes. Ce qu'on nomme la Khalmoukie est quelque chose de purement imaginaire ; il s'en faut bien que les Khalmoukes jouissent en Asie d'une aussi grande importance que dans nos livres de géographie. Nous avons été obligés de travailler beaucoup, afin de parvenir à la simple découverte de leur nom. Dans la Khalmoukie même, personne n'avait entendu parler des Khalmoukes. Nous fûmes heureux de rencontrer un Lama qui avait beaucoup voyagé dans le Thibet oriental, et qui nous apprit enfin que, parmi les Kolo, il y avait une petite tribu nommée Kolo-Khalmouki. Il se peut que les Khalmoukes aient eu autrefois une grande importance, et aient occupé de vastes contrées ; mais il se peut aussi que les voyageurs du treizième siècle, appuyés sur quelques notions vagues et indéterminées, en aient fait un peuple nombreux.

Le Koukou-Noor ne mérite pas non plus l'importance qu'on lui donne dans nos géographies ; il occupe sur les cartes beaucoup plus d'extension qu'il n'en a réellement. Quoiqu'il comprenne vingt-neuf bannières, ses frontières sont assez resserrées ; il est borné au nord par Khilian-Chan, au sud par le fleuve Jaune, à l'est par la province du Kan-Sou, et à l'ouest par la rivière Tsaïdam, où coinmené