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quemment de place, pour déjouer les poursuites de leurs ennemis ; et quand ils ne peuvent les éviter, ils acceptent le combat avec bravoure. Cette nécessite où ils se trouvent continuellement placés, de défendre leurs biens et leur vie, contre les attaques des Si-Fan, a fini par les rendre courageux et intrépides. A toute heure du jour et de la nuit, on les trouve prêts à combattre ; ils veillent à la garde de leurs troupeaux, toujours à cheval, toujours la lance à la main, un fusil en bandoulière, et un grand sabre passé à la ceinture. Quelle différence entre ces vigoureux pasteurs à longues moustaches, et les langoureux bergers de Virgile, toujours occupés à jouer de la flûte, ou à parer de rubans et de fleurs printannières leurs jolis chapeaux de paille.

Les brigands qui tiennent sans cesse en alerte les tribus mongoles du Koukou-Noor, sont des hordes de Si-Fan ou Thibétains orientaux, qui habitent du côté des monts Bayen-Kharat, vers les sources du fleuve Jaune. Dans le pays, ils sont connus sous le nom générique de Kolo. Leur repaire est, dit-on, caché dans des gorges de montagnes où il est impossible de pénétrer sans guide ; car toutes les avenues sont gardées par des torrents infranchissables, et par d'affreux précipices. Les Kolo n'en sortent que pour parcourir le désert, et se livrer au pillage et à la dévastation. Leur religion est le bouddhisme ; mais ils ont parmi eux une idole particulière qu'ils nomment la divinité du brigandage. C'est, sans contredit, celle qui leur inspire le plus de dévotion, et qu'ils honorent d'un culte tout spécial. Leurs Lamas sont occupés à prier, et à faire des sacrifices pour le bon succès des expéditions. On prétend que ces brigands sont dans la