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bouddhique, et quelques habitations où ils passent leurs jours, dans le calme et la retraite, loin des distractions et des inquiétudes du monde. On ne peut aller les visiter, car sur toute l'étendue des eaux, il n'y a pas une seule barque ; du moins, nous n'en avons jamais aperçu, et les Mongols nous ont assuré que parmi leurs tribus personne ne s'occupait de navigation. Cependant, durant la saison de l'hiver, au temps des grands froids, les eaux se glacent assez solidement, pour permettre aux bergers des environs de se rendre eu pèlerinage à la lamaserie. Ils apportent aux Lamas contemplatifs leurs modestes offrandes de beurre, de thé et de tsamba, et ils en reçoivent en échange des bénédictions pour la bonté des pâturages et la prospérité de leurs troupeaux.

Les tribus du Koukou-Noor sont divisées en vingt-neuf bannières, commandées par trois Kiun-Wang, deux Beïle, deux Beïssé, quatre Koung et dix-huit Taï-Tsi. Tous ces princes sont tributaires de l'empereur chinois. Ils font tous les deux ans le voyage de Péking, où ils apportent en tribut des pelleteries, et de la poudre d'or qu'ils ramassent dans les sables de leurs rivières. Les vastes plaines qui avoisinent la mer Bleue, sont d'une grande fertilité, et d'un aspect assez agréable, quoiqu'elles soient entièrement dépouillées d'arbres ; les herbes y sont d'une prodigieuse hauteur, et les nombreux ruisseaux qui fertilisent le sol, permettent aux grands troupeaux du désert de se désaltérer à satiété. Aussi les Mongols aiment-ils à dresser leurs lentes parmi ces magnifiques pâturages. Les hordes des brigands ont beau les harceler sans cesse, ils n'abandonnent jamais le pays. Ils se contentent de changer fré