Page:Huc - Souvenirs d’un voyage dans la Tartarie, le Thibet et la Chine pendant les années 1844-46, tome 2.djvu/187

Cette page n’a pas encore été corrigée

que les princes mongols du Koukou-Noor lui font annuellement des dons considérables.

En quittant la lamaserie de Tansan, nous entrâmes dans une grande plaine, où de nombreuses tentes mongoles et des troupeaux de toute espèce se dessinaient pittoresquement sur la verdure des pâturages. Nous rencontrâmes deux Lamas à cheval qui faisaient la quête du beurre, parmi ces riches bergers. Ils se présentaient à la porte de chaque tente, et sonnaient à trois reprises de la conque marine. Aussitôt quelqu'un se présentait avec un petit pain de beurre, qu'il déposait, sans rien dire, dans un sac suspendu à la selle du cheval. Les quêteurs parcouraient ainsi toutes les tentes, sans jamais mettre pied à terre, et se contentant d'avertir les contribuables en leur faisant trois sommations avec la conque marine.

A mesure que nous avancions, le pays devenait plus fertile et moins montagneux. Enfin nous arrivâmes au milieu des vastes et magnifiques pâturages du Koukou-Noor. La végétation y est si vigoureuse, que les herbes montaient jusqu'au ventre de nos chameaux. Bientôt nous découvrîmes loin devant nous, tout-à-fait à l'horizon, comme un large ruban argenté, au-dessus duquel flottaient de légères vapeurs blanches, qui allaient se confondre dans l'azur des cieux. Notre pro-chamelier nous dit que c'était la mer Bleue. Ces mots nous firent éprouver un tressaillement de joie ; nous pressâmes la marche, et le soleil n'était pas encore couché, que nous avions dressé notre tente à une centaine de pas loin du rivage.