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Mongols, les Lamas font entrer beaucoup de pratiques superstitieuses dans l'exercice de la médecine. Cependant, malgré tout ce charlatanisme, on ne peut douter qu'ils ne soient en possession d'un grand nombre de recettes précieuses, et fondées sur une longue expérience. Il serait peut-être téméraire de penser que la science médicale n'a rien à apprendre des médecins tartares, thibétains et chinois, sous prétexte qu'ils ne connaissent pas la structure et le mécanisme du corps humain. Ils peuvent néanmoins être en possession de secrets très-importants, que la science seule est sans doute capable d'expliquer, mais qu'elle n'inventera peut-être jamais. Sans être savant, on peut souvent obtenir des résultats très-scientifiques. En Chine, en Tartarie et dans le Thibet, tout le monde est capable de faire de la poudre ; cependant, on peut avancer qu'il n'y a personne, parmi ces peuples, qui puisse expliquer scientifiquement cette opération chimique ; on a une bonne recette, et cela suffit pour obtenir un résultat satisfaisant.

Vers la fin du mois de septembre, on nous annonça la fameuse nouvelle que l'ambassade thibétaine était arrivée à Tang-Keou-Eul ; elle devait s'y arrêter pendant quelques jours, pour faire ses provisions de voyage et s'organiser en caravane. Enfin, après une longue et pénible attente, nous allions donc nous acheminer vers la capitale du Thibet. Nous fîmes, sans perdre de temps, tous les préparatifs nécessaires. Nous dûmes entreprendre un petit voyage à Kounboum, afin de nous approvisionner pour quatre mois ; car il n'y avait pas espoir de trouver en route la moindre chose à acheter. Tout bien calculé, il nous fallait cinq thés en briques, deux ventres de mouton remplis de beurre,