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furent à eux ; ils purent brouter, en long et en large, les herbes de la vallée, sans crainte de rencontrer des rivaux. Le désert ne tarda pas longtemps à redevenir vivant et animé. Vers le commencement du mois de septembre, les Lamas de la Faculté de médecine se rendirent à Tchogortan, pour se livrer aux travaux de l'herborisation. Les maisons disponibles en logèrent tant qu'elles purent en contenir, et le reste habita sous des tentes abritées par les grands arbres de la lamaserie. Tous les matins, après avoir récité les prières communes, bu le thé beurré et mangé la farine d'orge, tous les étudiants en médecine retroussaient leur robe, et se dispersaient sur les montagnes sous la conduite de leurs professeurs. Ils étaient tous armés d'un bâton ferré et d'une petite pioche ; une bourse en cuir, remplie de farine, était suspendue à leur ceinture ; quelques-uns portaient sur le dos de grandes marmites ; car la Faculté devait passer la journée tout entière sur la montagne. Avant le coucher du soleil, les Lamas médecins revenaient chargés d'énormes fagots de branches, de racines et d'herbages de toute espèce. En les voyant descendre péniblement les montagnes, appuyés sur leurs bâtons ferrés, on les eût pris plutôt pour des braconniers que pour des docteurs en médecine. Nous fûmes souvent obligés d'escorter ceux qui arrivaient spécialement chargés de plantes aromatiques ; car nos chameaux, attirés par l'odeur, se mettaient à leur poursuite, et auraient brouté sans scrupule ces simples précieux, destinés au soulagement de l'humanité souffrante. Le reste de la journée était employé à nettoyer et à étendre sur des nattes tous ces produits du règne végétal. La récolte des médecins dura