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Aussitôt après le prononcé de ce jugement impartial, nous fîmes nos préparatifs de départ et nous nous mimes en route. La partie méridionale de la ville nous parut valoir encore moins que celle que nous avions parcourue la veille. Plusieurs quartiers étaient détruits et abandonnés. On n'y rencontrait que quelques pourceaux, errant parmi des ruines, ou fouillant des décombres. Les habitants de cette grande cité étaient plongés dans une profonde misère. La plupart étaient vêtus de haillons saies et déchirés. Leur figure pâle, languissante et décharnée, annonçait qu'ils étaient souvent privés du strict nécessaire. Ning-Hia, cependant, avait été autrefois une ville royale, et sans doute riche et florissante. Dans le dixième siècle, un prince de race tartare et originaire de Tou-Pa, aujourd'hui au pouvoir des Si-Fan, ayant entraîné quelques hordes à sa suite, était parvenu, malgré les Chinois, à se faire un petit Etat non loin des bords du fleuve Jaune. Il choisit pour sa capitale Hia-Tcheou, qui dans la suite prit le nom de Ning-Hia. C'est de cette ville que ce nouveau royaume s'appela Hia. Il fut très-florissant pendant plus de deux siècles ; mais, en 1227, il fut enveloppé dans la ruine commune, par les victoires de Tchinggiskhan, fondateur de la dynastie mongole. Aujourd'hui, Ning-Hia est une des villes de premier ordre de la province du Kan-Sou.

En sortant de Ning-Hia, on entre dans une route magnifique, presque partout bordée de saules et de jujubiers. De distance en distance, on rencontre de petites guinguettes, où le voyageur peut se reposer et se restaurer à peu de frais. On lui vend du thé, des œufs durs, des fèves