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Les bergers, qui, depuis cet événement, étaient revenus planter leur tente au milieu des pâturages de Tchogortan, étaient toujours aux aguets, dans la crainte de nouvelles invasions. De temps en temps ils s'organisaient en patrouille, s'armaient de lances et de fusils, et allaient au loin à la découverte. Ces précautions n'étaient certainement pas capables d'intimider les voleurs ; mais elles avaient l'avantage de maintenir la population dans une certaine sécurité.

Vers la fin du mois d'août, pendant que nous étions tranquillement occupés de la fabrication de nos cordes, des rumeurs sinistres commencèrent à circuler. Peu à peu, elles prirent tous les caractères d'une nouvelle certaine, et on ne douta plus qu'on ne fût menacé d'une prochaine et terrible invasion de brigands. Tous les jours, on avait à raconter quelque fait épouvantable. Les bergers de tel endroit avaient été surpris, les tentes incendiées, et les troupeaux volés. Ailleurs, il y avait eu une affreuse bataille et un grand nombre de personnes égorgées. Ces rumeurs devinrent si sérieuses, que l'administration de la lamaserie de Kounboum crut devoir prendre des mesures. Elle envoya à Tchogortan un grand Lama et vingt étudiants de la faculté des prières, chargés de préserver le pays de tout accident funeste. A leur arrivée, ils convoquèrent les chefs des familles Si-Fan, pour leur annoncer qu'ils étaient venus, et que par conséquent ils n'avaient rien à craindre. Le lendemain, ils montèrent sur la montagne la plus élevée des environs, dressèrent quelques tentes de voyage, et se mirent à réciter des prières avec accompagnement de musique. Us demeurèrent là pendant deux jours entiers, qu'ils