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ne présentent qu'un amas de paille plus ou moins triturée ; ils brûlent en répandant une fumée épaisse, et se consument à l'instant. Ils sont pourtant très-utiles pour commencer à allumer le feu ; ils font en quelque sorte l'office d'amadou, et aident merveilleusement à enflammer les autres combustibles.

Nous comprenons que cette courte et incomplète dissertation sur les bouses est peu propre à intéresser un grand nombre de lecteurs. Cependant, nous n'avons pas cru devoir la retrancher, parce que nous nous sommes imposé l'obligation de ne négliger aucun des documents qui pouvaient être de quelque utilité pour ceux qui voudront, après nous, essayer de la vie nomade.

Les habitants de la vallée de Tchogortan, quoique jouissant en apparence d'une paix profonde, étaient néanmoins incessamment dominés par la crainte des brigands, qui, de temps en temps, nous dit-on, faisaient des incursions sur les montagnes, et enlevaient les bestiaux qu'ils rencontraient. On nous raconta qu'en 1842, ils étaient venus par grandes troupes, et avaient entièrement dévasté le pays. Au moment où l'on s'y attendait le moins, ils avaient débouché par toutes les issues et les gorges des montagnes, et s'étaient répandus dans la vallée, en poussant des cris affreux, et en déchargeant leurs fusils à mèche. Les bergers, épouvantés par cette attaque imprévue, n'avaient pas même songé à opposer la moindre résistance ; ils s'étaient sauvés à la hâte et en désordre, emportant au hasard un peu de leur bagage. Les brigands, profitant de cette terreur panique, incendièrent les tentes, et firent parquer dans une vaste enceinte, faite avec des cordages, tous les