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envoya donc, un beau jour, une espèce d'huissier, pour nous inviter officiellement à la stricte observance des statuts. Nous fîmes répondre au supérieur de la discipline, que n'étant pas de la religion de Bouddha, nous ne pouvions adopter les habits sacrés des Lamas, sans faire injure à nos saintes croyances ; que cependant, comme nous ne voulions pas occasionner le moindre désordre dans la lamaserie, nous étions tout disposés à la quitter, si l'on ne pouvait pas nous accorder une dispense au sujet du costume.

Plusieurs jours s'écoulèrent sans qu'on donnât suite à cette malencontreuse affaire. Dans cet intervalle, Samdadchiemba arriva avec les trois chameaux, qu'il avait jusque-là fait paître dans une vallée du Koukou-Noor. En cas de déménagement, son retour ne pouvait être plus à propos. Le gouvernement lamaïque nous envoya de nouveau son parlementaire. Il nous dit que le règlement de la lamaserie était inflexible, et qu'on était peiné que notre sublime et sainte religion ne nous permit pas de nous y conformer. Il ajouta qu'on verrait avec plaisir que nous restassions dans le voisinage de la lamaserie, et qu'en conséquence, on nous invitait à aller nous fixer à Tchogortan, où nous pourrions garder le costume qui nous conviendrait.

Nous avions beaucoup entendu parler de la petite lamaserie de Tchogortan, qui est comme la maison de campagne de la faculté de médecine. Elle est éloignée de Kounboum tout au plus d'une demi-heure de chemin. Les grands Lamas et les étudiants de la section médicale, s'y rendent tous les ans vers la fin de l'été, et y passent ordinairement