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nous devons vaquer aux prières nocturnes. — Nous ne fîmes pas grande attention à cet avis. Nous pensâmes que, pendant la nuit, les Lamas réciteraient des prières dans leurs cellules, comme il leur arrivait assez fréquemment. Nous nous couchâmes donc à notre heure ordinaire, et nous nous endormîmes profondément, selon notre bonne habitude.

Conformément à la prophétie du bègue, notre sommeil ne demeura pas longtemps paisible. D'abord, il nous sembla rêver que nous entendions, au haut des airs, comme le concert d'une grande multitude. Ces voix confuses et indéterminées nous parurent devenir insensiblement fortes et distinctes. Nous nous réveillâmes, et nous entendîmes en effet le chant des prières lamaïques. Dans un clin d'œil, nous fûmes habillés, et nous nous rendîmes dans la cour de la maison. Elle était éclairée par un pâle reflet d'une lumière qui semblait venir d'en haut. Nous vîmes le vieux Akayé accroupi dans un coin, et occupé à dégrainer son chapelet. — Akayé, lui dîmes-nous, qu'est-ce que c'est donc que ce bruit étrange ? — Ce sont les prières nocturnes. Si vous voulez voir, montez sur la terrasse de la maison .... Une échelle était tout à propos appliquée contre le mur ; nous en montâmes rapidement les degrés, et nous fûmes bientôt témoins d'un singulier spectacle. Les terrasses de toutes les maisons étaient illuminées par des lanternes rouges suspendues à de longues perches. Tous les Lamas, revêtus de leur manteau de cérémonie et coiffés de la mitre jaune, étaient assis sur les plates-formes de leurs habitations, et chantaient des prières d'une voix lente et moyenne. Sur le haut de notre maison, nous trouvâmes le