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connaissance et à l'étude de la vérité ; ils venaient souvent nous prier de les instruire de notre sainte religion.

Nous avions adopté un mode d'enseignement tout-à-fait historique, ayant soin d'en bannir tout ce qui pouvait ressentir la dispute et l'esprit de contention ; nous leur donnions un exposé simple et concis de la religion, leur laissant ensuite le soin de tirer eux-mêmes des conclusions contre le bouddhisme. Des noms propres et des dates bien précises leur faisaient beaucoup plus d'impression que les raisonnements les plus logiques ; quand ils savaient bien les noms de Jésus, de Jérusalem, de Ponce-Pilate, la date de quatre mille ans après la création du monde, et les noms des douze apôtres, ils ne doutaient plus du mystère de la Rédemption et de la prédication de l'Evangile. L'enchantement qu'ils remarquaient dans l'histoire de l'Ancien et du Nouveau Testament, était pour eux une démonstration. Du reste, jamais nous n'avons remarqué que les mystères et les miracles leur fissent la moindre difficulté.

D'après tout ce que nous avons vu dans notre long voyage, et surtout pendant notre séjour dans la lamaserie de Kounboum, nous sommes persuadés que c'est par voie d'enseignement, et non par la méthode de controverse, qu'on peut travailler efficacement à la conversion des infidèles. La polémique peut réduire un adversaire au silence, l'humilier souvent, l'irriter quelquefois, mais le convaincre, jamais. Quand Jésus-Christ envoya ses apôtres, il leur dit : Ite, docete omnes gentes ; ce qui ne veut pas dire : Allez et argumentez toutes les nations. De nos jours, deux écoles philosophiques, qui reconnaissaient pour chef, l'une