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un certain nombre qui cherchent leur profit dans des occupations qui paraissent plus conformes à l'esprit de la vie religieuse ; ils s'occupent à imprimer ou à transcrire les livres lamaïques. On sait que l'écriture thibétaine procède horizontalement, et de gauche à droite. Quoique l'idiome des Lamas soit alphabétique, à peu près à la manière de nos langues européennes, cependant on ne se sert point de caractères mobiles. L'imprimerie stéréotype, à l'aide de planches en bois, est la seule qui soit en usage. Les livres thibétains ressemblent à un grand jeu de cartes ; les feuillets sont mobiles, et imprimés sur les deux faces. Comme ils ne sont ni cousus ni reliés, afin de les conserver, on les place entre deux planchettes en bois, qu'on serre ensuite avec des bandelettes jaunes. Les éditions des livres thibétains qui s'impriment à Kounboum sont grossières ; les caractères en sont baveux, sans délicatesse et sans netteté ; elles sont, sous tous les rapports, très-inférieures à celles qui sortent de l'imprimerie impériale de Péking. Les éditions manuscrites sont au contraire magnifiques ; elles sont enrichies de dessins de fantaisie, et les caractères sont toujours pleins d'élégance et de pureté. Les Lamas n'écrivent pas au pinceau comme les Chinois ; ils se servent de baguettes de bambou, qu'ils taillent comme des plumes : leur écritoire est une petite boîte en cuivre, assez semblable, par la forme, à une tabatière à charnière ; elle est remplie de coton imbibé d'encre. Les Lamas collent leur papier pour l'empêcher de boire : au lieu de se servir, comme les Chinois, d'une dissolution d'alun, ils aspergent le papier, d'une eau blanchie d'un dixième de lait : la méthode est simple, facile, et donne un résultat très-satisfaisant.