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coups de barre de fer. Les vieillards, pas plus que les jeunes chabis, ne sont à l'abri de ces terribles corrections.

Les Lamas-satellites sont chargés de la police de la lamaserie ; ils sont costumés de la même manière que les autres Lamas, à la seule différence que leurs habits sont de couleur grise, et qu'ils portent une mitre noire. Le jour et la nuit, ils circulent dans les rues de la cité, armés d'un gros fouet, et rétablissant l'ordre partout où le besoin l'exige. Trois tribunaux, où siègent des Lamas-juges, connaissent des Affaires qui sont au-dessus de l'autorité des Lamas-satellites. Ceux qui se rendent coupables du plus petit larcin, sont expulsés de la lamaserie, après avoir été marqués au front et sur les deux joues d'un signe d'ignominie avec un fer rouge.

Les couvents bouddhiques, quoique semblables, sous plusieurs rapports, aux monastères chrétiens, en diffèrent pourtant essentiellement. Les Lamas sont soumis, il est vrai, à une même règle et à une même discipline, maison ne peut pas dire qu'ils vivent en communauté. On remarque parmi eux toutes les nuances de pauvreté et de richesse qui se rencontrent dans les cités mondaines. A Kounboum, nous avons vu plusieurs fois des Lamas couverts de haillons, allant mendier, à la porte de leurs riches confrères, quelques poignées de farine d'orge. Tous les trois mois, l'administration fait indistinctement à tous les Lamas attachés à la lamaserie, une distribution de farine qui leur est très-insuffisante. Les offrandes volontaires des pèlerins leur viennent bien en aide ; mais, outre que ces offrandes sont incertaines, la répartition s'en faisant d'après les divers degrés