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par une étudiant désigné à l'avance. Chacun a le droit de l'interroger sur toute espèce de sujet qui lui passe par la tête. Il n'est rien de monstrueux comme ces thèses qui rappellent assez bien les fameuses discussions de ces écoles du moyen-âge, où l'on argumentait avec acharnement de omni re scibili. A Kounboum, il est de règle que le vainqueur monte sur les épaules du vaincu, et soit porté en triomphe tout autour des murs de l'école. Un jour Sandara-le-Barbu revint du cours, le visage plus épanoui et plus riant que de coutume. Bientôt nous apprîmes qu'il avait été le héros de la thèse ; il avait vaincu son concurrent, dans l'importante question de savoir pourquoi les poules et autres volatiles étaient privés d'une des fonctions vitales commune à tous les autres animaux. Nous citons cette particularité, parce qu'elle peut donner une idée de la hauteur et de la noblesse de l'enseignement lamaïque.

A certaines époques de l'année, le Bouddha-vivant, grand supérieur de la lamaserie, vient lui-même en personne et en grand appareil donner des explications officielles des livres sacrés. Quoiqu'elles ne soient ni plus savantes, ni plus claires que celles des professeurs, elles font pourtant autorité. La langue thibétaine est la seule qui soit admise dans les écoles.

La discipline de la lamaserie est vigilante et sévère. Dans les Facultés, pendant les heures des cours, et au chœur, pendant la récitation des prières, on voit toujours les Lamas censeurs debout, appuyés sur une barre de fer, et maintenant, parmi les religieux, le bon ordre et le silence. La moindre infraction à la règle est sur-le-champ réprimée, d'abord verbalement, et, s'il en est besoin, à