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sur cet arbre singulier ; pour nous, nous devons y renoncer. On sourira, sans doute, de notre ignorance ; mais peu nous importe, pourvu qu'on ne suspecte pas la sincérité de notre relation.

L' Arbre des dix mille Images nous parut très-vieux : son tronc, que trois hommes pourraient à peine embrasser, n'a pas plus de huit pieds de haut ; les branches ne montent pas, mais elles s'étendent en panache, et sont extrêmement touffues ; quelques-unes sont desséchées et tombent de vétusté ; les feuilles demeurent toujours vertes ; le bois, d'une couleur rougeâtre, a une odeur exquise et qui approche un peu de celle de la cannelle. Les Lamas nous dirent que, pendant l'été, vers la huitième lune, il produisait de grandes fleurs rouges d'une extrême beauté. On nous a assuré aussi que nulle part il n'existait d'autre arbre de cette espèce, qu'on avait essayé de le multiplier par des graines et des boutures, dans plusieurs lamaseries de la Tartarie et du Thibet, mais que toutes ces tentatives avaient été infructueuses.

L'empereur Khanghi, s'étant rendu en pèlerinage à Kounboum, fit construire à ses dépens un dôme [d'argent au-dessus de l'Arbre des dix mille Images ; de plus il fit don au Grand-Lama d'un beau cheval noir, qui faisait, dit-on, mille lis par jour, et d'une selle ornée de pierreries. Le cheval est mort, mais la selle se voit encore dans un des temples bouddhiques ; elle est l'objet d'une vénération particulière. Avant de quitter la lamaserie, Khanghi fonda un revenu annuel pour l'entretien de trois cent-cinquante Lamas.

La renommée de Kounboum, due d'abord à la célébrité