Page:Huc - Souvenirs d’un voyage dans la Tartarie, le Thibet et la Chine pendant les années 1844-46, tome 2.djvu/116

Cette page n’a pas encore été corrigée

que le Kan-Sou, le Chan-Si, le Pétché-Li et la Mantchourie tout entière. Les bonzes ont conservé les anciens rites, à part quelques légères innovations qu'ils ont adoptées dans certaines localités. Maintenant on distingue des Lamas de deux espèces, les jaunes et les gris ; c'est-à-dire ceux qui ont suivi la réforme, et ceux qui ont persisté dans le culte primitif. Ces deux sectes, qui, sans doute, autrefois, ont dû se traiter en rivales et se faire la guerre, vivent aujourd'hui dans un parfait accord. Les Bonzes et les Lamas se regardent comme étant d'une même famille.

La tribu d'Amdo, pays autrefois ignoré, et de nulle importance, a acquis, depuis la réforme du bouddhisme, une prodigieuse célébrité. La montagne, au pied de laquelle Tsong-Kaba a reçu le jour, est devenue un lieu fameux de pèlerinage. Les Lamas sont accourus de toutes parts y bâtir leurs cellules, et peu à peu s'est formée cette florissante lamaserie, dont la renommée s'étend jusqu'aux confins les plus reculés de la Tartarie. On l'a appelée Kounboum, de deux mots thibétains, qui veulent dire Dix mille images. Ce nom fait allusion à l'arbre, qui, suivant la légende, naquit de la chevelure de Tsong-Kaba, et qui porte un caractère thibétain sur chacune de ses feuilles.

Ici on doit naturellement s'attendre à ce que nous disions quelque chose de cet arbre. Existe-t-il encore ? L'avons-nous vu ? qu'offre-t-il de particulier ? que faut-il penser de ses feuilles merveilleuses ? Voilà tout autant de questions qu'on est en droit de nous faire. Nous allons donc tâcher d'y répondre autant qu'il nous sera possible.

Oui, cet arbre existe encore ; et nous en avions entendu parler trop souvent durant notre voyage, pour que nous