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qu'il fut instruit par un étranger venu de l'occident ; qu'après la mort du maître, le disciple, se dirigeant vers l'ouest, s'arrêta dans le Thibet, où il propagea les enseignements qui lui avaient été donnés. Cet étranger à grand nez, n'était-ce pas un Européen, un de ces missionnaires catholiques qui à cette époque pénétrèrent en si grand nombre dans la Haute-Asie ? Il n'est pas étonnant que les traditions lamaïques aient conservé le souvenir de cette figure européenne, dont le type est si différent de celui des Asiatiques. Pendant notre séjour à Kounboum, nous avons entendu plus d'une fois des Lamas faire des réflexions sur l'étrangeté de notre figure, et dire, sans balancer, que nous étions du même pays que le maître de Tsong-Kaba. On peut supposer qu'une mort prématurée ne permit pas au Missionnaire catholique, de compléter l'enseignement religieux de son disciple qui dans la suite, voulant lui-même devenir apôtre, soit qu'il n'eût pas une connaissance suffisante du dogme chrétien, soit qu'il eût apostasie ses croyances, ne s'appliqua qu'à introduire une nouvelle liturgie. La faible opposition qu'il rencontra dans sa réforme semblerait indiquer que déjà le progrès des idées chrétiennes dans ces contrées, avait beaucoup ébranlé le culte de Bouddha. Nous aurons à examiner plus tard, si les nombreux rapports que les bouddhistes ont avec les catholiques sont un obstacle ou un avantage pour la propagation de la foi dans la Tartarie et le Thibet.

La réforme de Tsong-Kaba a triomphé, dans tous les pays compris entre les monts Himalaya, les frontières russes, et la grande muraille de Chine. Elle a même pénétré dans quelques provinces du céleste Empire, telles