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CHAPITRE III.


Naissance merveilleuse de Tsong-Kaba. — Sa préparation à l’apostolat. — Il part pour l’Occident. — Son entrevue avec le grand Lama du Thibet. — Il réforme le culte lamaïque. — Nombreux rapports de la réforme bouddhique avec le catholicisme. — Origine de ces rapports. — Arbre des dix mille images. — Enseignement lamaïque. — Faculté des prières. — Police de la lamaserie de Kounboum. — Offrandes des pèlerins. — Industrialisme des Lamas. — Les aventures de Sandara-le-Barbu. — Dispositions favorables des Lamas pour le christianisme. — Singulière pratique pour le soulagement des voyageurs. — Prières nocturnes. — Départ pour la lamaserie de Tchogorton.


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La contrée d’ Amdo, située au sud du Koukou-Noor, est habitée par des Thibétains orientaux qui, comme les Tartares Mongols, mènent la vie pastorale et nomade. Ce pays est d’un aspect triste et sauvage. L’oeil ne découvre de tous côtés que des montagnes d’ocré rouge ou jaune, presque sans végétation, et sillonnées en tous sens par de profonds ravins. Cependant, au milieu de ce sol stérile et désolé, on rencontre quelquefois des vallées assez abondantes en pâturages, où les tribus nomades conduisent leurs troupeaux.

Au rapport des chroniques lamaïques, vers le milieu du quatorzième siècle de notre ère, un pasteur de la contrée d’Amdo, nommé Lombo-Moke, avait dressé sa tente noire au pied d’une montagne, tout près de l’ouverture d’un large ravin, au fond duquel serpentait, sur un lit ro-