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Après avoir sillonné la Manche, l’Atlantique, le grand Océan, le détroit de la Sonde et la mer de Chine pendant cinq mois et demi, nous arrivâmes à Macao. En ce moment, les Anglais commençaient à faire gronder le canon européen sur les côtes du céleste Empire, et un Lazariste français, le vénérable Perboyre, détenu dans les prisons de Ou-Tchang-Fou se préparait à conquérir la palme du martyre. La guerre de l’opium fut longue et opiniâtre : la puissance anglaise promena son pavillon sur le fleuve Bleu, saccagea plus d’une grande cité sur son passage et alla mouiller ses steamers et ses vaisseaux de ligne jusque sous les murs de Nan-King. L’orgueil chinois fut profondément humilié ; l’Angleterre remporta un facile triomphe, et l’Europe fut persuadée que la Chine était ouverte. Cependant il n’en est rien. L’empire du milieu est toujours fermé : les diplomates chinois sont venus réparer les désastres des mandarins militaires, et aujourd’hui, un sujet de la reine Victoria ne se hasarderait pas à mettre le pied dans la ville de Canton… Le vénérable Perboyre eut, lui aussi, un long et terrible combat à soutenir. Mais il sut triompher en apôtre : il reçut glorieusement la mort sur la place publique de la capitale du Hou-Pé, et maintenant comme par le passé, les Missionnaires catholiques sont les seuls Européens qui osent parcourir les provinces de la Chine.

Ce fut sous les auspices de notre vénérable Con-