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observer que notre récit commençait beaucoup trop brusquement, et que le lecteur devait se trouver un peu déconcerté en se voyant tout d’un coup transporté en dehors de la grande muraille, et dans un certain royaume d’Ouniot, dont peut-être les géographes les plus érudits ne connaissent pas même le nom. Les personnes qui ne lisent pas avec beaucoup d’assiduité les Annales de la Propagation de la Foi, ont dû, en effet, éprouver un grand étonnement, en voyant des Missionnaires français au milieu des steppes de la Mongolie, et, elles eussent été peut-être bien aises de savoir comment nous y étions parvenu. Il en coûte toujours de parler de soi ; mais puisqu’en lisant un voyage, il arrive quelquefois qu’on s’intéresse au voyageur, nous essaierons volontiers de remplir la lacune qui nous a été signalée, et de tracer un rapide itinéraire pour ceux qui auront le dévouement et la patience de nous suivre parmi les tribus errantes de la Tartarie et du Thibet.

Au mois de février 1839, Monseigneur de Quelen nous imposa les mains, et nous dit au nom de Jésus-Christ : Allez, et enseignez toutes les nations

Quelques jours après, nous nous trouvions dans le port du Havre, sur le pont d’un navire. Le capitaine donna ordre de lever l’ancre, et le cœur plein de force et de confiance, mais oppressé de sanglots, nous nous éloignâmes de cette France bien-aimée, à laquelle nous pensions dire un éternel adieu… le brick l’Adhémar faisait voile pour la Chine.