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la veille, étaient venus nous prier de leur tirer l’horoscope. Ils s’étaient rendus avant le jour sur la foire aux chevaux de Tolon-Noor, dans l’espérance d’y découvrir leurs animaux volés. Leurs recherches avaient été infructueuses.

Les nombreux voyageurs tartares et chinois que nous rencontrions sur notre route, étaient un indice que nous étions peu éloignés de la grande ville de Tolon-Noor. Déjà nous apercevions, loin devant nous, reluire aux rayons du soleil la toiture dorée de deux magnifiques lamaseries, qui sont bâties au nord de la ville. Nous cheminâmes longtemps à travers des tombeaux ; car partout les hommes se trouvent environnés des débris des générations éteintes. En voyant cette population nombreuse comme enveloppée dans une vaste enceinte d’ossements et de pierres tumulaires, on eût dit la mort travaillant sans cesse au blocus des vivants. Dans cet immense cimetière, qui semble étreindre la ville, nous remarquâmes ça et là quelques petits jardins, où, à force de soins et de peines, on parvient à cultiver quelques méchants légumes : des porreaux, de épinards, des laitues dures et amères, et des choux pommés, qui, depuis quelques années venus de Russie, se sont merveilleusement acclimatés dans le nord de la Chine.

Si on excepte ces quelques plantes potagères, les environs de Tolon-Noor ne produisent absolument rien. Le sol est aride et sablonneux. Les eaux y sont extrêmement rares. Sur certains points seulement, on aperçoit quelques sources peu abondantes, et qui se dessèchent à la saison des chaleurs.