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ce de fléaux. Cependant les Mongols sont-ils encore aujourd'hui tels qu'ils étaient autrefois ? Nous croyons pouvoir affirmer le contraire, du moins en grande partie. Partout où nous les avons vus, nous les avons toujours trouvés généreux, francs, hospitaliers, inclinés il est, vrai, comme des enfants mal élevés, à dérober des petits objets de curiosité, mais nullement habitués à ce qu'on appelle le pillage et le brigandage. Pour ce qui est de leur aversion pour le travail et la vie sédentaire, ils en sont toujours au même point ; il faut aussi convenir que leurs mœurs sont très-libres, mais il y a dans leur conduite plus de laisser-aller que de corruption ; on trouve rarement chez eux ces débauches effrénées et brutales, auxquelles sont si violemment adonnés les Chinois.

Les Mongols sont étrangers à toute espèce d'industrie ; des tapis de feutre, des peaux grossièrement tannées, quelques ouvrages de couture et de broderie ne valent pas la peine d'être mentionnés. En revanche, ils possèdent en perfection les qualités des peuples pasteurs et nomades ; ils ont les sens de la vue, de l'ouïe et de l'odorat prodigieusement développés. Le Mongol est capable d'entendre à une distance très-éloignée le trot d'un cheval, de distinguer la forme des objets, et de sentir l'odeur des troupeaux et la fumée d'un campement.

Bien des tentatives ont déjà été faites pour propager le christianisme chez les peuples tartares, et on peut dire qu'elles n'ont pas été toujours infructueuses. Sur la fin du huitième siècle et au commencement du neuvième, Timothée, patriarche des Nestoriens, envoya des moines prêcher l'Evangile chez les Tartares Hioung-Nou, qui s'é