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La Mongolie, à cause de ses vastes solitudes, est devenue le séjour d'un grand nombre d'animaux sauvages. On y rencontre presque à chaque pas des lièvres, des faisans, des aigles, des chèvres jaunes, des écureuils gris, des renards et des loups. Il est à remarquer que les loups de la Mongolie attaquent plus volontiers les hommes que les animaux :on les voit quelquefois traverser au galop d'innombrables troupeaux de moutons, sans leur faire le moindre mal, pour aller se précipiter sur le berger. Aux environs de la grande muraille, ils se rendent fréquemment dans les villages tartaro-chinois, entrent dans les fermes, dédaignent les animaux domestiques qu'ils rencontrent dans les cours, et vont jusque dans l'intérieur des maisons choisir leurs victimes ; presque toujours ils les saisissent au cou, et les étranglent sans pitié. Il n'est presque pas de village en Tartarie, où chaque année on n'ait à déplorer des malheurs de ce genre ; on dirait que les loups de ces contrées cherchent à se venger spécialement contre les hommes, de la guerre acharnée que leur font les Tartares.

Le cerf, le bouquetin, le cheval hémione, le chameau sauvage, l'yak, l'ours brun et noir, le lynx, l'once et le tigre fréquentent les déserts de la Mongolie. Les Tartares ne se mettent jamais en route, que bien armés d'arcs, de fusils et de lances.

Quand on songe à cet affreux climat de la Tartarie, à cette nature toujours sombre et glacée, on serait tenté de croire que les habitants de ces contrées sauvages sont doués d'un naturel extrêmement dur et féroce ; leur physionomie, leur allure, le costume dont ils sont revêtus, tout semblerait d'ailleurs venir à l'appui de cette opinion.