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dans l'année : neuf mois sont pour l'hiver, et trois pour l'été. Quelquefois les chaleurs sont étouffantes, surtout parmi les steppes sablonneuses ; mais elles ne durent que quelques journées. Les nuits pourtant sont presque toujours froides. Dans les pays mongols cultivés par les Chinois, en dehors de la grande muraille, tous les travaux de l'agriculture doivent être bâclés dans l'espace de trois mois. Quand la terre est suffisamment dégelée, on laboure à la hâte peu profondément, ou plutôt on ne fait qu'écorcher avec la charrue la superficie du terrain ; puis on sème aussitôt le grain : la moisson croît avec une rapidité étonnante ; en attendant qu'elle soit parvenue à une maturité convenable, les agriculteurs sont incessamment occupés à arracher les mauvaises herbes qui encombrent les champs. A peine a-t-on coupé la récolte, que l'hiver arrive avec son froid terrible ; c'est pendant cette saison qu'on bat la moisson. Comme la froidure fait de larges crevasses au terrain, on répand de l'eau sur la surface de l'aire : elle gèle aussitôt, et procure aux travailleurs un emplacement toujours uni et d'une admirable propreté.

Le froid excessif qui règne en Mongolie, peut être attribué à trois causes, savoir : la grande élévation du sol, les substances nitreuses dont il est fortement imprégné, et le défaut presque général de culture. Dans les endroits que les Chinois ont défrichés, la température s'est élevée d'une manière remarquable : la chaleur va toujours croissant, pour ainsi dire d'année en année, à mesure que la culture avance ; certaines céréales, qui au commencement, ne pouvaient pas prospérer à cause du froid, mûrissent maintenant avec un merveilleux succès.