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sa famille. Ces notions grossières du droit, sont les mêmes en Chine et dans le Thibet. On sait que Rome non plus n'en avait pas d'autres, avant l'établissement du christianisme, qui a fait prévaloir le droit de la communauté sur celui de l'individu.

La Mongolie est d'un aspect généralement triste et sauvage ; jamais l'œil n'est récréé par le charme et la variété des paysages. La monotonie des steppes n'est entrecoupée que par des ravins, de grandes déchirures de terrain, ou des collines pierreuses et stériles. Vers le nord, dans le pays des Khalkhas, la nature paraît plus vivante ; des forêts de haute futaie décorent la cime des montagnes, et de nombreuses rivières arrosent les riches pâturages des plaines ; mais durant la longue saison de l'hiver, la terre demeure ensevelie sous une épaisse couche de neige. Du côté de la grande muraille, l'industrie chinoise se glisse comme un serpent dans le désert. Des villes commencent à s'élever de toute part ; la Terre des herbes se couronne de moissons, et les pasteurs mongols se voient peu à peu refoulés vers le nord, par les empiétements de l'agriculture.

Les plaines sablonneuses occupent peut-être la majeure partie de la Mongolie ; on n'y rencontre jamais un seul arbre ; quelques herbes courtes, cassantes, et qui semblent sortir avec peine de ce sol infécond ; des épines rampantes, quelques maigres bouquets de bruyères, voilà l'unique végétation, les seuls pâturages du Gobi. Les eaux y sont d'une rareté extrême. De loin en loin on rencontre quelques puits profonds, creusés pour la commodité des caravanes qui sont obligées de traverser ce malheureux pays.

En Mongolie, on ne remarque jamais que deux saisons